
Alcool, tabac, cannabis, drogue dure… les jeunes de 16 à 30 ans affichent « des niveaux de consommation très alarmants », affirme une enquête publiée mardi 6 juillet, réalisée, en mars 2021, par Ipsos pour le groupe d’assurance la Macif auprès de 3 500 personnes. Une triste photographie prise dans le contexte de la crise sanitaire : pendant plus d’un an, à l’exception de quelques interludes, la jeunesse a été privée d’indépendance, de vie sociale, avec sans doute un fort désir de rattrapage et d’évasion.
Un jeune sur cinq déclare avoir perdu le contrôle « au moins dix fois dans l’année » en ayant bu
Ce qui frappe, parmi les multiples données issues de l’enquête, c’est la part de jeunes qui consomment jusqu’à perdre le contrôle. La moitié des jeunes interrogés (52 %) disent avoir été dans cet état au cours des douze derniers mois, « au point de ne plus savoir ce qu’ils faisaient ». L’alcool est la substance la plus consommée pour y parvenir : un jeune sur cinq déclare avoir perdu le contrôle « au moins dix fois dans l’année » en ayant bu.
Ces pertes de contrôle s’inscrivent dans un contexte plus général d’anxiété. La moitié des consommateurs de substances (alcool, drogues, etc.) ont expérimenté durant l’année des émotions négatives, un bad trip (mal être), des épisodes d’échec scolaire (30 %), d’isolement social (27 %). Deux consommateurs sur dix reconnaissent également avoir rencontré des troubles de la sexualité (20 %) ou affronté des pensées suicidaires (20 %) .
Autre élément intéressant : la cigarette, chez les jeunes, est loin d’avoir disparue. Un quart d’entre eux disent être des consommateurs réguliers. En 2015, une enquête de la mutuelle étudiante Emevia notait que 6,1 % des étudiants étaient des fumeurs quotidiens. Même si les deux études ne portent pas exactement sur la même population, on constate que le tabac ne recule pas dans cette tranche d’âge.
Les addictions ont tendance à être cumulées
En outre, 36 % des 16 à 30 ans déclarent avoir fumé du cannabis. Un chiffre équivalent à l’étude de Emevia. La hausse de consommateurs de drogues dures est considérable par rapport à 2018, année où seulement 2 % des étudiants admettaient prendre de la cocaïne. Cette année, 14 % des jeunes déclarent avoir essayé l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote ou le LSD, 11 % affirment avoir pris de la cocaïne et 8 % de l’héroïne. « La consommation [de drogues dures] peut apparaître comme une stratégie sociale, une volonté d’appartenance à un groupe », notent les auteurs. C’est également le désir d’expérimentation, de transgression et la recherche d’une perte de contrôle.
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