En moins de huit jours, Toulouse a connu trois fugues. Et beaucoup de questions. Deux hommes ont quitté l’hôpital psychiatrique Gérard-Marchant, puis un autre le CHU de Purpan. Trois hommes considérés comme très dangereux arrêtés après plusieurs heures passées dans le centre-ville.
La série débute mercredi 19 janvier. Ce jour-là, Jérémy Rimbaud, dit « le cannibale des Pyrénées », franchit les murs du centre hospitalier Gérard-Marchant, où environ quarante patients, irresponsables pénaux, sont suivis, comme lui, dans une unité de soins de « non-enfermement ». Quelques heures plus tard, cet ancien militaire, déclaré pénalement irresponsable après le meurtre et des actes de cannibalisme sur un nonagénaire en 2013, agresse une personne âgée en plein centre-ville de Toulouse. Après lui avoir fracturé les deux bras, il est stoppé par des voisins alertés par les cris de la vieille dame, avant d’être interpellé par la police. Les témoins de l’agression le décrivent « dans un état second, puis étrangement calme lors de son arrestation ». Une enquête pour tentative de meurtre a depuis été ouverte par le parquet de Toulouse afin de poursuivre les investigations et de vérifier la responsabilité de l’auteur au moment des faits.
Le dimanche suivant, un homme de 48 ans, poursuivi en 2010 dans une affaire de tentative d’égorgement d’un homosexuel, quitte lui aussi l’établissement Gérard-Marchant. Il est arrêté quelques heures plus tard en état d’ivresse par une patrouille de la brigade anticriminalité. Le lendemain, après un bref épisode de décompensation, il fracasse le mobilier de sa chambre. Les deux hommes sont traités pour schizophrénie dans l’établissement et avaient bénéficié d’une permission de sortie, malgré leur dangerosité.
Un rapport attendu
A la suite de ces deux affaires, la direction générale de l’agence régionale de santé (ARS) a annoncé diligenter « une mission d’inspection et une d’enquête administrative sur site pour s’assurer de la conformité de la prise en charge de ces patients ». Un rapport sur les circonstances de ces événements devra s’assurer de la conformité de la prise en charge de ces patients. Contactée, l’ARS n’a pas donné suite.
Dans les colonnes de La Dépêche du Midi, le directeur du centre hospitalier Gérard-Marchant, Bruno Madelpuech, déclare que l’établissement accueille « des personnes fragiles, vulnérables, qui peuvent avoir un passé ou un présent de précarité, d’incarcération, de situation familiale difficile ». « Nous n’avons pas relevé de dysfonctionnement dans la façon dont les équipes ont pris en charge ces patients », ajoute le directeur, qui a annoncé le transfert de Jérémy Rimbaud dans une unité pour malades difficiles (UMD), à Albi, dans le Tarn. « Ce n’est pas un secret de dire que la psychiatrie publique a besoin de moyens pour ces situations-là, c’est une mission de service public qui ne doit pas être sacrifiée », expliquent au Monde les docteurs Pascal Marie et Jérôme Boucard, président et vice-président de la commission médicale d’établissement (CME).
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