Mobilisée de longue date contre la pollution par les perturbateurs endocriniens, la ville de Strasbourg a lancé, le 15 novembre, un nouveau dispositif visant à limiter l’exposition de la population à ces substances. Il vise une période durant laquelle l’être humain y est particulièrement sensible : la vie fœtale et la petite enfance. Sur le modèle du dispositif « sport-santé sur ordonnance » mis en place il y a dix ans, une « ordonnance verte » pourra ainsi être prescrite par les professionnels de santé (gynécologues, sages-femmes et médecins généralistes) aux Strasbourgeoises enceintes qui se porteront volontaires. Elle donnera accès, gratuitement, à deux ateliers de sensibilisation organisés au sein des dix centres médico-sociaux de la ville, ainsi qu’à la remise, chaque semaine, de trois kilogrammes de légumes biologiques issus d’exploitations agricoles locales.
« Les perturbateurs endocriniens sont le symbole du déraillement de notre société de consommation. Il était important pour nous d’informer les futures mères sur les risques qu’ils génèrent, mais aussi de leur donner des solutions alternatives. L’une d’elles est l’accès à des produits issus d’une agriculture de qualité et exempts de ces substances », indique la maire (EELV) de Strasbourg, Jeanne Barseghian.
« Cancer du sein ou de la prostate, troubles de l’attention et du spectre autistique, malformations, puberté précoce, baisse de la fécondité… Les effets des perturbateurs endocriniens sont aujourd’hui scientifiquement prouvés. C’est tout l’écosystème familial qui doit transformer ses pratiques, pendant la grossesse et après », complète le docteur Alexandre Feltz, adjoint à la santé publique et environnementale, et porteur du projet.
Cuisiner des légumes frais
Dans le cadre du dispositif, 800 femmes seront donc suivies pendant sept mois, à travers 110 ateliers les informant des pratiques à adopter pour se protéger de ces substances, mais aussi pour repenser le contenu de leur assiette. Le recrutement des participantes passe par les professionnels de santé. Les volontaires pourront s’inscrire en ligne, sur la plate-forme lancée mercredi. Le premier panel a été recruté par le bouche-à-oreille. Michèle – qui a demandé à garder l’anonymat – enceinte de son quatrième enfant, a intégré le dispositif dans le but de mieux s’informer sur la question. « Beaucoup d’enfants de mon entourage ont des problèmes de communication, ils s’isolent ou sont colériques. Je me suis souvent demandé pourquoi, et j’ai obtenu aujourd’hui de premières réponses », estime la jeune femme.
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