
Comment faire en sorte que la place de Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris, ne soit plus, jour et nuit, une vaste zone de trafic et de consommation de drogue, « le sanctuaire européen du crack », selon les mots du maire d’arrondissement François Dagnaud ? Devant la montée des tensions et l’exaspération des riverains, les pouvoirs publics ont décidé, lundi 17 mai, de transférer temporairement ce marché à ciel ouvert à 500 mètres de là, dans un jardin public désormais ouvert la nuit. La vente et la consommation de crack, une drogue peu chère et très addictive, doivent s’y effectuer de façon moins problématique, sous haute surveillance.
Organisé conjointement par l’Etat et la ville de Paris, ce transfert est déjà contesté. « Parquer les toxicomanes dans un jardin pour enfants, c’est une très mauvaise solution qui ne fait que déplacer le problème », critique Pierre Liscia, habitant du quartier et candidat sur la liste de Valérie Pécresse (Libres !) aux élections régionales. « La situation était devenue insoutenable pour les riverains de Stalingrad, réplique Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris. Les mesures prises doivent permettre une meilleure prise en charge des toxicomanes. Je suis convaincu qu’on peut obtenir des résultats spectaculaires. »
Le gouvernement et la mairie discutaient depuis février de la meilleure façon d’améliorer la situation dans le quartier de Stalingrad, dont les habitants ne supportaient plus de croiser des revendeurs et des toxicomanes en manque, d’être confrontés à une mendicité agressive, et de ne plus pouvoir dormir à cause du tapage nocturne. Tout s’est accéléré après la nuit du 30 avril et 1er mai, durant laquelle des mortiers d’artifice ont été tirés en direction des toxicomanes rassemblés sous les fenêtres des habitants du 15, avenue de Flandre.
L’Etat a alors décidé d’organiser une opération d’évacuation. « Mais évacuer Stalingrad sans rien faire d’autre n’aurait que repoussé le problème de quelques dizaines ou centaines de mètres, commente Emmanuel Grégoire. Les usagers se seraient dispersés dans les rues voisines, peut-être jusqu’à la gare du Nord ou celle de l’Est. » Dans ce genre de cas, « c’est pire pour les riverains, qui se retrouvent avec des toxicomanes dans leurs cages d’escalier, et pour les usagers de drogue, dont on perd la trace, et qu’on peut moins aider », ajoute Anne Souyris, l’adjointe chargée de la santé.
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