
Au rez-de-chaussée du centre de santé Edison, grand bâtiment à l’allure défraîchie du 13e arrondissement de Paris, une petite mallette bleue ne cesse d’aller et venir entre la salle du réfrigérateur et les sept cabinets médicaux. A l’intérieur de la précieuse glacière portative ce mardi 23 août, vingt doses du vaccin contre la variole du singe. Cette maladie infectieuse, aussi appelée « Monkeypox virus », qui se propage en France depuis le mois de mai le plus souvent lors de relations intimes, a déjà contaminé près de 3 500 personnes.
Majoritairement des hommes ayant plusieurs partenaires sexuels masculins, indique la Haute Autorité de santé. Evalués à 250 000 par Santé publique France, ils sont prioritaires pour la vaccination. Tout comme les personnes trans ayant plusieurs partenaires sexuels et tous les travailleurs et travailleuses du sexe. A ce jour, sur les 103 372 doses de vaccin livrées, 59 384 ont été injectées, dont quelques centaines à des professionnels du sexe.
Pas assez selon la municipalité parisienne qui, épaulée par sept associations communautaires, a décidé d’accélérer la cadence au centre Edison, ouvert le 26 juillet. Sur 57 créneaux journaliers, 35 leur sont réservés les mardis et vendredis après-midi. « Encore trop peu », estime Sabine Mercier, l’une des sept médecins employés par la Ville pour l’occasion. Cette praticienne spécialiste de la question de la transidentité déplore que l’initiative soit encore unique en France. « Le maillon associatif est crucial, insiste-t-elle. Il nous permet d’atteindre un public souvent éloigné du milieu médical, parfois sans papier et ne parlant pas toujours français. »
Des chiffres insuffisants
D’autant que la prise de rendez-vous de la plupart des hôpitaux, des cinq pharmacies et des 150 centres de santé pouvant vacciner en France contre la variole du singe se fait en ligne. Au centre Edison, ce sont les associations qui s’occupent de l’inscription des travailleurs et travailleuses du sexe. Le personnel administratif se charge ensuite de leur créer un compte Doctolib et de leur réserver un second rendez-vous pour la deuxième dose. « Je recevais ce matin une masseuse chinoise, raconte le docteur Mercier. Sans l’intermédiaire du Lotus Bus, un programme de Médecins du monde, elle n’aurait jamais su s’inscrire sur Doctolib toute seule. »
« Toutes les semaines, on demande l’accélération de la cadence, la mobilisation des pharmacies et de certains médecins généralistes, et on nous rétorque que le maximum est déjà fait. » Marc-Antoine Bartoli, Act Up-Paris
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