Jusqu’où peut-on « pousser les murs » – et, avec eux, les petits lits ? C’est la question qui traverse l’hôpital pour enfants de Nancy, en région Grand-Est, l’une des premières, cette année, avec l’Ile-de-France, à avoir viré au rouge face à une épidémie de bronchiolite particulièrement précoce.
Tous les ans – ou presque –, une unité bronchiolite de six lits est ouverte en pédiatrie générale. En cette fin d’automne, il a fallu augmenter la voilure. Par étapes : six lits supplémentaires ont d’abord été aménagés, le 23 octobre, dans le service de réanimation pédiatrique du docteur Noël Boussard. « J’étais de garde, raconte l’anesthésiste-réanimateur. On a ouvert à 19 heures ; à 3 heures du matin, les six bébés étaient là. » De quoi porter les capacités d’accueil de quatorze à vingt enfants en « réa ». Et celles de tout l’hôpital, jouxtant l’imposante barre années 1970 du centre hospitalier régional universitaire de Brabois, dans la banlieue sud de Nancy, à 84 places, contre guère plus de 70 hors période épidémique. Un « max », pensait alors le chef de service.
Un mois plus tard, le seuil a pourtant été dépassé : une unité supplémentaire comptant six nouveaux lits vient d’être installée dans une aile désaffectée du bâtiment. « Un néoservice, souffle le docteur Boussard. Cette fois-ci, on tient un record. »
Dans leur chambre partagée aux lumières bleutées, à l’entresol de l’hôpital, les petits Mohamed, Nela et Romy retrouvent progressivement leur souffle, ce mercredi de la fin novembre. Les histoires que racontent leurs parents se rejoignent : celle d’un bébé qui commence à tousser, d’une toux qui devient sifflante ; des biberons ou des tétées qui ne « passent plus »… « Ensuite, tout est allé très vite, rapporte Sonia Iroulmane, la maman de Mohamed, âgé de 3 semaines. Le 15 nous a orientés vers l’hôpital. Quand on est arrivés, le petit commençait à devenir bleu. Mais, avec la sonde et les lunettes à oxygène, il s’est repris rapidement. Et moi, en même temps que lui… »
« La salle d’attente ne désemplit pas »
Marie et Nicolas Mulot affichent eux aussi, désormais, un visage serein : Romy, 2 mois – et un mois de prématurité, un facteur aggravant –, a pris son premier biberon quelques heures plus tôt. La toute petite fille n’est plus sous oxygène, mais conserve sa sonde nasogastrique « pour faciliter la reprise de poids », explique la maman, qui est aussi infirmière. « Je suis soulagée qu’elle ait eu sa place ici, ajoute-t-elle. Dans d’autres hôpitaux, en ce moment, même les enfants peuvent être empilés… »
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