
Ils sont une dizaine à peine. Parfois plus, parfois moins, tout dépend du texte de loi. Prêts à en découdre à l’Assemblée nationale, en commission ou dans l’Hémicycle, à 9 heures comme à minuit sur les sujets sociétaux, comme l’IVG, la fin de vie, la PMA… Ces députés toujours disposés à faire dérailler le débat parlementaire s’appellent Patrick Hetzel, Julien Ravier, Anne-Laure Blin ou Marc Le Fur.
« À un moment donné, je pense qu’il est important que l’on se fasse entendre. Nous ne sommes pas sur un consensus et la majorité doit le comprendre. » Patrick Hetzel, député LR du Bas-Rhin
Ils sont tous Les Républicains (LR). Leur arme principale ? Le droit d’amendement. Soit la possibilité pour un parlementaire de proposer des modifications à tout texte de loi. Des amendements qui peuvent aller de la modification d’un mot à la suppression d’un article entier. Et se multiplier autant de fois que l’élu l’estime nécessaire.
Patrick Hetzel, député LR du Bas-Rhin, s’en amuserait presque. Il a déjà déposé une centaine d’amendements pour l’examen en commission du projet de loi bioéthique et en prévoit tout autant pour l’examen en séance publique à partir du 7 juin. Après deux lectures du texte et plusieurs dizaines d’heures de débat en trois ans, l’autorisation de la procréation médicalement assistée, il n’en veut toujours pas.
« A un moment donné, je pense qu’il est important que l’on se fasse entendre. Nous ne sommes pas sur un consensus et la majorité doit le comprendre », justifie-t-il. En tant que chef de file LR sur cette nouvelle lecture du projet de loi bioéthique, il compte bien ne rien laisser passer. « J’ai bloqué les deux semaines dans mon agenda », prévient-il.
« C’est un problème anthropologique majeur ! », insiste le député LR Julien Ravier. A 43 ans, le remplaçant de Valérie Boyer, désormais sénatrice des Bouches-du-Rhône depuis octobre 2020, récuse les accusations de conservatisme et se pose en opposition à « une société qui décide à travers la science de faire naître des enfants sans père ». Sur sa ligne, on retrouve les députés Marc Le Fur (Côte-d’Armor) ou encore Anne-Laure Blin (Maine-et-Loire), eux aussi très actifs.
Un droit « sacré » et « constitutionnel »
Le 16 février, le groupe socialiste avait dû renoncer à examiner dans sa niche parlementaire (une journée consacrée aux initiatives des groupes d’opposition) une proposition de loi prévoyant l’allongement du délai d’IVG de douze à quatorze semaines. En cause ? Les 580 amendements, dont près de 500 issus des LR. « Ce genre de questions ne peut pas être traité en une journée », se justifie une nouvelle fois Anne-Laure Blin.
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