ReportageDans un écrin de verdure, cette nouvelle structure accueille dix-huit patients en soins palliatifs. Gérée par un groupe catholique, l’entité a longtemps inquiété les médecins des hôpitaux publics. Aujourd’hui, ils parviennent à coopérer.
« Oh la pie ! » Dans la chambre n° 8, Renée Queyrel, 93 ans, se réjouit de côtoyer les oiseaux d’aussi près. Avec l’aide de la kinésithérapeute, la dame brindille s’installe face au jardin, au bout de sept petits pas. « J’y suis arrivée ! lance-t-elle. J’aime les arbres et le vert. Entre ici et l’hôpital, c’est le jour et la nuit. » Ici, c’est la Maison de Nicodème, une unité de soins palliatifs « de luxe » gérée par une association catholique. A quelques encablures du jardin des plantes et de la gare de Nantes, sur un ancien terrain de l’évêché, cette structure de dix-huit lits a ouvert le 4 avril.
Dans la Maison de Nicodème, on soulage la douleur et on prend soin de l’âme, comme dans une unité de soins palliatifs ordinaire. La durée de vie moyenne n’y est pas plus longue que dans un CHU : dix-sept jours. Ce qui change, c’est l’écrin. Comme tous les résidents, chaque soir, par la baie vitrée de sa chambre, Renée Queyrel admire le coucher de soleil sur le potager. Dans les couloirs, les pleurs côtoient les chuchotements, mais l’odeur aseptisée de l’hôpital n’a pas sa place. Des roses charnues et défraîchies sont posées çà et là. Elles proviennent des jardins des bénévoles, plus nombreux qu’à l’hôpital, qui, au quotidien, tiennent compagnie aux patients.
Comme à la maison
Les lieux sont financés grâce à 9,5 millions d’euros de fonds de fondations familiales, d’entreprises, de particuliers et d’emprunts. L’Assurance-maladie se charge du budget de fonctionnement annuel, à hauteur de 3,3 millions d’euros pour 300 séjours.
Ici, tout est pensé « comme à la maison », la technique dernier cri en plus : écran multifonctions au bout d’un bras amovible, rail lève-malade accroché au plafond, poster coulissant masquant les branchements à oxygène. Simone, 74 ans, accompagne son mari dans la maladie depuis deux ans : « Le jour d’arrivée, pour plus de facilité, on lui a proposé de le rapprocher de chez nous, à 50 kilomètres d’ici. Il a répondu immédiatement : “Non, je veux rester chez vous.” Ici, c’est confort 5 ou 6 étoiles et beaucoup plus familial que l’hôpital. »
La reconnaissance des familles tranche avec la réserve des soignants, encore en rodage et concentrés sur leurs tâches. « Travailler avec du neuf change tout, remarque Géraldine Fontaine, agente de service hospitalier. Ici, tout est ergonomique. Sans parler du salaire attractif : je passe de 1 350 euros dans une clinique privée à 1 700 euros net. » Le personnel sait qu’il est attendu au tournant, dans un contexte politique très sensible.
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