C’était une décision espérée de longue date par les opposants à la vente du Groupe hospitalier mutualiste (GHM) de Grenoble, cédé le 9 octobre par les mutuelles Aésio et la Mutualité française de l’Isère (MFI), ses anciens actionnaires majoritaires, au groupe familial issu de l’immobilier Doctegestio, récemment rebaptisé « Avec ». Lundi 18 janvier, la métropole de Grenoble a annoncé qu’elle entendait préempter d’ici au 21 janvier les murs du second acteur de santé de l’agglomération, qui compte 1 300 salariés et 430 lits, et s’associer à l’action en justice envisagée prochainement par un collectif d’usagers.
« Nous refusons de laisser une entreprise non soucieuse de la qualité de vie de notre territoire à la tête de l’une des plus importantes offres de soin de la métropole. Nous souhaitons vérifier que la procédure a été bien respectée », a justifié lors d’une conférence de presse Christophe Ferrari, le président de la métropole, déplorant une « marchandisation à marche forcée de la santé ».
Une « vente déguisée »
L’ancien socialiste, qui a saisi l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution pour vérifier la solidité financière de l’opération, souhaite que la collectivité possède désormais « un droit de regard sur le devenir de la clinique ». L’élu avait reçu, mardi 12 janvier, le feu vert du maire Europe Ecologie-Les Verts de Grenoble, Eric Piolle, lequel avait assuré qu’il donnerait à la métropole le « pouvoir » de préempter face aux pratiques « hautement problématiques » de Doctegestio.
« Ce que les médecins redoutent, c’est que ces décisions entraînent une mise à l’arrêt totale des projets médicaux à l’échelle du territoire, alors même que le système de santé est en totale refonte », confie David Voirin, chirurgien digestif et président de la commission médicale d’établissement du GHM.
Trois mois après l’arrivée contestée du groupe Doctegestio à la tête de cette clinique emblématique de la ville, l’étape judiciaire qui s’annonce dans ce dossier à multiples rebondissements est une victoire pour le collectif d’usagers mobilisé depuis un an pour maintenir la « Mut » et son statut d’établissement de santé privé d’intérêt collectif, hors du giron lucratif.
Ces opposants, qui dénoncent une « vente déguisée », ont affirmé, début janvier, leur intention de contester devant les tribunaux, avec l’appui d’un cabinet d’avocats spécialisés, les « irrégularités » juridiques commises, d’après eux, par Doctegestio, dans la reprise du GHM, en particulier au regard des « principes mutualistes ».
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